Ramasse-miettes n°122
La violence homophobe doit nous alerter (1) ; Et si on mettait à plat l’affaire Mélenchon ? (2) ; Un budget pour les riches (3) ; La démocratie, c’est le débat ? (4) ; Espoir en Bern (5) ; Boire chic, boire cher (6) ; IA et éthique un problème brûlant (7) ;
1-Des agressions répandues presque universellement, signes d’un grand danger qui couve.
Tous ceux qui ont cru que les hommes peu à peu s’étaient civilisés et avaient enfin admis que l’homosexualité n’était ni une maladie mentale ni une perversion sociétale, mais bien un choix posé par des partenaires consentants, partageant une même orientation sexuelle -quand ce n’est pas le cas, il s’agit d’un viol ou d’un inceste-. Eh bien ! Il semble qu’ils se soient trompés si l’on en juge par la fréquence des agressions subies par les homos et les transsexuels (LGBT).
« Selon la préfecture de police, les actes à caractère homophobe entre janvier et septembre sont cependant en baisse de 37% dans la capitale par rapport à 2017 sur la même période (74 faits constatés contre 118). »
Il faut se garder de hausser les épaules en se disant qu’il s’agit d’épisodes certes dérangeants, mais qui ne seraient qu’épiphénomènes. Écoutons attentivement les discours des Bolsonaro, des Poutine, des Duterte, des Orban et de quelques autres, réputés mener des politique autoritaires et illibérales, comme ils l’admettent eux-mêmes, et nous entendrons les remugles de temps pas si éloignés où les homos portaient un triangle rose, où l’on appelait à la pureté de la race, de la culture et à la pureté tout court...
2-Mélenchon piégé, l’hallali peut commencer.
Qu’il soit bien entendu ici que je n’approuve pas le coup de sang de Mélenchon, une perte de contrôle inquiétante à son niveau de responsabilité, mais je ne blâme pas sa défense, parce qu’il représente tout ce qui reste d’organisé à gauche et qu’il a depuis toujours beaucoup de monde à ses basques. Toutefois, étant réticent à toute notion d’homme providentiel, sa perte de contrôle me conforte dans cette opinion. Ce n’est visiblement pas l’opinion des 70 policiers mobilisés à travers toute la France pour effectuer pas moins de dix-sept perquisitions en France Insoumise, parmi lesquelles sept rien que pour Mélenchon. On en fait beaucoup moins contre les évadés fiscaux et les macs.
Bien sûr, pendant ce temps, le macronisme et les droites peuvent ricaner et glousser d’aise.
Ce que je constate, c’est qu’enfin la bonne presse - pour l'essentiel, les médias, qui par paresse ou servilité envers leurs propriétaires prêchent la doxa néolibérale et penchent de plus en plus vers l'entertainment et « le temps de cerveau libre pour la publicité »-, les bonnes âmes - la politique est entre leurs mains et celles de spécialistes, de lobbyistes et de ceux qui sont assez fortunés, une phalange qui s'appuie sur la cléricature des grands éditorialistes et des gourous médiatiques qui squattent les débats, télévisés ou autres, et font l'opinion- , ses irréductibles ennemis - ceux-là on les comprend, c’est de bonne guerre - et tout ce qui hait, en vrac, la gauche, le socialisme, la pensée non orthodoxe, l’anti néolibéralisme : l’insoumission donc. Enfin dis-je, ils peuvent tous se livrer au lynchage médiatique et tribunitien le plus débridé, le plus écœurant et le plus malhonnête qui soit. Exit les soupçons sur les comptes de campagne de celui-ci ou de celui-là, exit la mansuétude policière dont Benalla a pu bénéficier, exit les exilés fiscaux que la presse admire et adule sans vergogne, tandis que coulent à flot les larmes de crocodile et que l’orfraie s’égosille... En plus des magistrats (procureurs), trop heureux de se dire insultés, tant ils ont le cuir délicat, et les flics, trop contents de montrer combien ils sont fragiles, les pauvres biquets. « Quand le sage montre la lune, le sot regarde le doigt ».
Cela rappelé, il faut bien insister ; il n’y a pas de démocratie véritable sans débat public, il n’y a pas de débat sans presse et donc sans journalistes. Qu’on les interpelle quand ils en font une tonne sur leurs a priori partisans n’implique pas qu’on les insulte, mais aussi il faut bien qu’ils acceptent d’être contestés, ces angelots, quand ils servent la triste soupe à leurs milliardaires de proprios et en font des tonnes dans la posture de l’offensé..
3-Ne dites pas à La République des Énamourés de Macron (LREM) que le patron est le président des riches, elle ne vous croira pas.
Et pourtant ! L’Institut des politiques publiques, un organisme de recherche indépendant, a calculé que les effets cumulés des réformes de 2018 et de 2019 mèneront à une perte de pouvoir d’achat pour les 20 % de Français les plus modestes quand les1 % d’ultrariches verront leurs revenus dopés de 6 %.
Vous avez dit 6 %? Mais voyons, c’est une misère !
4-Si la démocratie c’est le débat, alors le Brésil n’en sera plus.
Le candidat d’extrême droite, grandissime favori de la présidentielle brésilienne, Jair Bolsonaro, ne participera à aucun débat télévisé avec son rival de gauche, Fernando Haddad, a fait savoir le 18 octobre son parti.
Refuser le débat est bien dans les manières des apprentis dictateurs, pour qui il n’y de vérité que la leur. Pauvre Brésil...
5-Espoir en Bern !
Stéphane Bern a remporté une belle mise, mais pour le gros lot, il devra repasser. Le ministre de l'Action et des Comptes publics Gérald Darmanin a douché les espoirs de l'animateur télé, chargé de la mission de préserver le patrimoine par le président Macron : la grande loterie nationale qu'il a créée pour soutenir 251 projets culturels ne bénéficiera pas entièrement au patrimoine français. Bercy prélèvera sa dîme via les taxes et autres douceurs fiscales attachées au Jeux. « C’est grand et c’est beau la France », mais faut pas pousser. CQFD.
6-« Boire un petit coup c’est agréable... »♫♪♪♫, surtout dans un gobelet high-tec.
Les pilotes américains boivent leur café en vol dans des gobelets high-tech au prix exorbitant de 1.200 dollars pièce (1050€). Selon un porte-parole de la base aérienne de Travis, en Californie, le coût de chacune de ces tasses à café a grimpé de 693 dollars en 2016 à 1.220 en 2018, pour une seule raison: l'anse en plastique du récipient n'est pas remplaçable.
L’art de l’évitement et de l’enfumage est universel. Je ne regarderai plus jamais ma tasse de café, et surtout sa queue, du même œil.
7-Pour Yoshua Bengio, un chercheur canadien, « L’intelligence artificielle doit être utilisée en accord avec des principes moraux ».
Ce chercheur canadien en intelligence artificielle et pionnier de l’apprentissage profond, est l’invité de la première édition du Monde Festival à Montréal, le 26 octobre, où il participe à la rencontre « Éthique et intelligence artificielle, quels enjeux ? ».
L’IA est un sujet brûlant dont se soucie l’ADLPF, car il pose en effet de grands problèmes d’éthique et aussi toute la discussion sur le transhumanisme.
8-Le sparadrap du capitaine Haddock préfigurait celui qui accable nos présidents de la République.
Les tintinophiles connaissent le gag du sparadrap du capitaine Haddock, dans l’album « L’affaire Tournesol », mille sabords ! Nos présidents de la République ont le leur, pour Hollande ce fut Arcelor Mittal, à Florange, où le candidat avait, juché sur le toit d’une camionnette, beaucoup promis, sans pouvoir tenir, une fois élu. Pour Macron, c’est Ascoval, du nom d'une aciérie dans le Nord qui a tout d'un sparadrap difficile à décoller.
La finance, les industriels, bref, l’économie néolibérale, ont pris la main sur la politique et les politiques se débattent tant et tant qu’à la fin ils cèdent. Macron échappera-t-il à cette triste facilité ? On peut en douter.