UN REGNE DE DROIT DIVIN

Publié le par J CHEVALIER

Chaque jour qui passe apporte une pierre nouvelle à l’édification d’une nouvelle forme de pouvoir. Un pouvoir en rupture totale avec tout ce que la France a pu connaître depuis un siècle et demi, guidé par un idéal démocratique souvent malmené, mais toujours respecté.

Et c’est bien un régime de droit divin qui est en train de se mettre en place.

De droit divin parce que le Président de la République a vidé de leur substance tous les rouages institutionnels: Assemblée Nationale et Sénat irrémédiablement acquis; kyrielle d’institutions pseudo-garantes de la protection du citoyen aux mains de ses proches; parti majoritaire sans tête; opposition en perpétuel état d’implosion par la magie de l’ouverture.

De droit divin parce qu’au-delà de la sphère politique et institutionnelle, le Président de la République a mis en place un système social et économique basé sur le rapport de force entre des protagonistes contraints de s’affronter en permanence. C’est vrai du milieu syndical sans cesse divisé. C’est également vrai du monde financier dopé par des lois sur mesure qui lui assure des pouvoirs exorbitants et une impunité totale.

De droit divin parce que ce système est savamment orchestré par une désinformation constante et une starisation qui en font un no man’s land, objet de toutes les convoitises.

Tout ceci a un nom gravé dans les livres d’histoire: la cour.

Mais le droit divin, après dix-huit mois d’une mise en coupe réglée, est désormais passé à sa seconde phase. Celle du symbole. Le premier, c’est l’adoubement par le Vatican. Visite à Rome, invitation à la curie, accueil par le pape, discours à consonance religieuse, invention de la «laïcité positive». Le second, c’est la mise en scène, la gestuelle, le protocole. De plus en plus, l’image du pouvoir est celle d’un monarque qui réinvente sa fonction, lui donne des accents spirituels. De discours en discours, le personnage prend une dimension sur-naturelle, soutenu en cela par une surenchère d’intellectuels aux ordres. Comment cet être auréolé de lumière divine pourrait-il s’apparenter au commun des mortels?

Tout dans l’art du droit divin repose sur la différence. Il ne pense pas, n’agit pas comme les autres. Il surprend par une surenchère permanente de concepts, peu importe leur véracité. Volontairement il se place au-dessus, inaccessible, tant par ses facéties que son impunité. La marque réelle de son pouvoir, c’est sa morgue, l’arrogance avec laquelle il affiche ses privilèges. Il ne pourrait y avoir de nouveau pouvoir présidentiel sans ce message constant envoyé aux autres qu’il est le maître absolu et que son monde n’a rien à voir avec celui de ses contemporains.

Qu’on ne s’y trompe pas, tout cela n’est qu’une maladie dont seuls les premiers symptômes sont apparus. Ce sera bien autre chose quand la crise aigüe surviendra…


J. Chevalier

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