Communiqué : débat sur la laïcité initié par l’UMP
Le 5 avril s’est tenue, à l'initiative de l'UMP, une convention clôturant un débat interne à propos de laïcité. Initialement appelé de ses voeux par le Chef de l'État français, ce débat qui devait, selon ses propres mots, conduire à distinguer « l'islam en France » de « l'islam de France », s'est retrouvé camouflé sous l'apparence d'un débat sur la laïcité. Comme si les rédacteurs de la loi de 1905 portant sur la séparation des églises et de l'État avaient donné pour mission à la laïcité d'attribuer le label « Qualité France » à telle ou telle famille spirituelle !
Les laïques ne sont pas dupes de ces manoeuvres. Le respect de la laïcité n'a jamais été le souci de l'UMP ni d'ailleurs des organisations portant d'autres noms dont ce parti est issu. La transgression majeure au principe politique de la République laïque demeure la loi Debré de 1959 qui organise les financements publics de l'enseignement privé à 90 % catholique, financements continuellement abondés depuis par des dispositions nouvelles. Et comment ne pas considérer comme attentatoire à la laïcité dont la droite et l'extrême droite prétendent se faire les hérauts, le fait que perdure le statut concordataire (ministres des cultes protestant, israélite et catholique fonctionnarisés, enseignement religieux à l'École publique...) statut particulier qui maintient les départements d'Alsace-Moselle et certains d'Outre-Mer en dehors de la loi commune ? Ces nouveaux et improbables défenseurs de la laïcité devraient d'abord s'engager à défendre le retour au financement public de la seule École publique et nous informer de la manière dont ils envisagent l'accession des départements concordataires à une administration plus conforme à l'article premier de la Constitution qui précise « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale ». Au lieu de cela, ils s'engagent vers la confiscation de la laïcité avec pour objectif d'en faire une arme au service de leur politique sécuritaire et une justification d'accommodements contournant les dispositions de la loi de 1905.
Les représentants des six grandes religions de France réunis au sein de la Conférence des responsables de cultes en France (CRCF) ne s'y sont pas trompés quand, apprenant la tenue de cette convention de l'UMP consacrée à un débat sur la laïcité, ils ont rendu publique une tribune dans laquelle, désapprouvant la tenue de cette convention « pendant cette période pré-électorale », ils s'affirment attachés aux principes généraux de la loi de 1905, mais considèrent que « les modalités d'application de ces principes restent toujours perfectibles ».
« Nous militons pour une laïcité de bonne intelligence », écrivent-ils pour appeler de leurs voeux que soient prises en considération les conclusions de la Commission sur les « relations des cultes avec les pouvoirs publics » remises en 2006 par son rapporteur Jean-Pierre Machelon qui préconise un toilettage de la loi de 1905 rendant lesdites relations plus conformes au modèle concordataire napoléonien qu'au principe de séparation des églises et de l'État.
Entre l'hypocrisie de l'UMP et le double langage du CRCF, la laïcité, est plus que jamais menacée. L’ADLPF (Association Des Libres Penseurs de France) en appelle au sursaut des forces laïques dans leurs diverses composantes (politiques, syndicales, associatives) et se déclare prête, avec le Comité de Réflexion et d’Action Laïque de la Seine-Maritime (CREAL 76) à participer à toute action unitaire pour la défense de la laïcité, principe d'avenir.
Président : Denis PELLETIER